Après un parcours scolaire atypique et plusieurs petits boulots, Guillaume Britz est rattrapé par un rêve d’enfance. À près de 30 ans, il fait le pari de la croissance et amorce sa reconversion professionnelle dans l’agriculture. Après de ses légumes, il a trouvé sa place.

Un matin de décembre, seul le bruit métallique du volet roulant vient troubler le silence de la campagne. Guillaume prend la route. Il a quelques légumes à livrer aux AMAP avant de retrouver ses champs. Le réveil est parfois dur, mais désormais il ne changerait de métier pour rien au monde.

« JE NE TROUVAIS PLUS DE SENS À MA VIE »

La reconversion professionnelle, Guillaume l’a choisie pour vivre ! Comme beaucoup de trentenaires rattrapés par un choix d’étude « raisonné », le déclic vient d’une journée trop banale. « Je me suis demandé ce que je faisais là. Je ne trouvais plus de sens dans mon métier. » Pendant plusieurs années, il se construit un cursus classique : bac, puis BTS Marketing, et cumule des petits boulots. Il passe un an en grande distribution à préparer des colis, puis quatre ans en imprimerie. Mais il ne trouve toujours pas sa voie et décide de se réorienter.

Changer de vie, cela ne lui fait pas peur. D’ailleurs, il ne regrette aucune de ses expériences passées. « Tant que j’apprenais quelque chose, je me suis toujours dit qu’il y avait un intérêt. » À vrai dire, il aborde son parcours avec philosophie, car chacune de ses expérimentations l’aide à faire évoluer son activité.

Quant à l’incertitude ? « Ça fait partie de la vie ! ». Le défi et la perspective de perdre en salaire ne l’a jamais inquiété, car pour lui, là n’était pas l’essentiel.

« Je voulais faire quelque chose d’utile à la société et qui m’apporte humainement et manuellement. »

LE GOÛT DE LA TERRE DÈS L’ENFANCE

Sa vocation trouve sa source dans un souvenir d’enfance. « Quand j’étais petit, mes parents louaient des jardins partagés sur Portet-sur-Garonne, sur une exploitation maraîchère. » Il aimait s’y balader, mettre les mains dans la terre. La nature s’est ancrée en lui, jusqu’à en devenir une passion. « C’est une satisfaction de partir d’une graine ou d’un plant et de l’amener à terme, jusqu’à nourrir des gens et leur transmettre une émotion. »

Très vite, Guillaume passe un BPREA -diplôme de niveau BAC pour les reconversions agricoles- et achète son terrain d’exploitation sur ses fonds propres. Il s’intéresse à la permaculture, au non-travail du sol. Cette idée de travailler autour des écosystèmes naturels fait échos à une tendance de fond : celle du développement durable. « Je voulais m’installer en agriculture biologique. » confie-t-il avec une pointe de nostalgie.

Il se lance avec l’espoir de faire bouger les lignes : préserver les sols, voire les redynamiser. Respecter la biodiversité lui semble essentiel pour faire évoluer l’agriculture. Mais les réalités économiques le rattrapent.

Une fois encore, les immersions auprès d’agriculteurs chevronnés l’aident à élargir son point de vue. Tester ce mode de fonctionnement lui permet de prendre conscience de toute la complexité de l’agriculture biologique : les normes, tous les standards à respecter.

Il ne renonce pas à ses convictions, mais préfère sécuriser son installation, le temps d’acquérir le savoir-faire et le matériel nécessaire. « Il faut savoir tirer des leçons des générations précédentes ». Aujourd’hui, il travaille de manière raisonnée.

DU CHAMP À L’ASSIETTE : PARTI-PRIS DU 100% LOCAL

Dès le départ, sa décision est ferme : ses légumes ne parcourront pas des kilomètres en camion !

Il privilégie des variétés de saisons, et effectue ses premières ventes auprès d’AMAP -Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne- du coin.

En mars 2020, un an à peine après ses premiers pas, le monde s’arrête, et Guillaume fait face à la difficulté d’écouler son stock en plein COVID. C’est là que l’idée du « Drive fermier » fait son chemin. « J’ai la chance que mon exploitation soit située sur une route de grand passage. Même en pleine pandémie, la volonté de consommer des produits de qualité en local était toujours présente ! » Il développe alors le concept de paniers potagers à 10 €, remis au consommateur directement dans son véhicule, tout en préservant les gestes barrières. Un concept qui perdure encore aujourd’hui.

Au fil du temps, il noue des relations privilégiées avec ses clients. Si les commandes sont le plus souvent passées par la page Facebook de l’exploitation, chaque remise est un moment unique.

« Petit à petit, j’ai vu des familles se construire, des enfants grandir. C’est émouvant de me dire que tout ça c’est un peu grâce à moi. En choisissant mes légumes, ils me font confiance. Il n’y a rien de plus valorisant ! »

Après trois ans d’exploitation, Guillaume se sent enfin à sa place. Ses journées s’enchainent mais ne se ressemblent pas, et répondent pleinement à son besoin de polyvalence et de liberté. Si c’était à refaire, il n’hésiterait pas une seconde. « Je sais que je contribue à faire le bien autour de moi. »

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