Dans ses champs de coriandre, au beau milieu de Caraman, Nicolas Thuries observe les jeunes pousses. Les herbes aromatiques, par ici, c’est surprenant ! Mais il est comme ça, il aime bousculer les codes, et challenger son métier.

Lorsqu’il était étudiant, il était loin de s’imaginer cultivateur. Son truc, c’était les bêtes. Au cours de ses études, il a réalisé tous ses stages chez des éleveurs de moutons. « Depuis, je n’ai plus revu de touffe de laine ! » confie-t-il en rigolant.

En 2016, à tout juste 22 ans, il s’installe sur l’exploitation familiale, sans se poser de questions. Depuis tout petit, c’est sa passion, c’était son rêve. Il le réalisera dans une branche tout à fait nouvelle. « Les grandes cultures m’ont toujours fasciné pour leur aspect technique. Pourquoi ça pousse, pourquoi ça ne pousse pas ? J’aime comprendre et trouver les solutions adaptées. » Désormais, il s’épanouit sur 50 hectares de colza, persil, et autres carottes. Des cultures de semences intéressantes tant techniquement, qu’économiquement.

CRÉER LE LIEN, POUR MIEUX AVANCER

Cette remise en question permanente, il la doit à sa formation et à ses premières expériences de salarié agricole. Voir autre chose, se perfectionner, créer du lien et des opportunités, c’est essentiel pour lui. C’est d’ailleurs grâce à l’une d’entre-elles qu’il a pu démarrer. « Un voisin est parti à la retraite et m’a proposé de reprendre ses terres en fermage. Sans ça, je n’aurais pas pu m’installer. »

Pour lui, l’image du vieux rustre qui reste enfermé dans sa ferme et ne parle jamais à personne, est dépassée ! Si on veut réussir, il faut bien s’entourer, écouter les conseils, et prendre le temps de réfléchir à son projet.  Et même si c’est parfois pénible, faire des études, c’est indispensable aujourd’hui.

Cette volonté d’œuvrer pour le collectif, il la partage au sein des Jeunes Agriculteurs, dont il est co-secrétaire général. « Je travaille sur le dossier de l’eau. Nous défendons notamment les droits de pompage. »

Protéger les intérêts du milieu agricole, c’est aussi une histoire de famille.

« À la maison, on parlait souvent de fédérer les agriculteurs, d’aider les jeunes à s’installer. Ça nous tenait à cœur ! »

En tant que chef d’exploitation, le jeune homme souhaite surtout contribuer à la revalorisation de l’image de l’agriculture. « Ce n’est pas juste mon métier, c’est surtout un état d’esprit. Le mien, celui de ma famille. Notre enjeu, c’est de préserver cela, tout en le faisant évoluer avec son temps. »

MODERNISER L’HÉRITAGE FAMILIAL

Et des idées, Nicolas en a pour transformer l’exploitation familiale ! Au départ en retraite de son père, qui travaille actuellement avec lui, il envisage l’arrêt de l’activité de canard gras pour développer une activité plus centrée sur le développement durable. « Le gavage, je n’ai jamais vraiment aimé ça. »

Pour allier renouvellement d’équipement et transition énergétique, il souhaite créer un hangar photovoltaïque. Sa compagne pourrait également le rejoindre dans l’aventure avec une activité de pension pour chevaux. À travers ses choix stratégiques, il vise la simplicité et la rationalité.

« L’agriculture de demain sera encore plus pointue, et plus respectueuse de l’environnement. Je crois qu’il est de notre devoir d’accompagner son évolution. »

 

Découvrez tous nos portraits d’agriculteurs.